Les freins restrictifs buccaux

Vous n’en avez jamais entendu parler ? Ou vous pensez peut-être tristement :

Encore cette nouvelle mode ?

Et bien… Oui ! Car je suis convaincue que ce n’est pas une mode. Saviez-vous par exemple que Louis XIII se serait fait couper le frein de langue pour pouvoir être allaité ? Que Jésus lui-même aurait d’après « coupé la langue » à un homme adulte, ce qui lui aurait permis d’enfin parler de manière intelligible ?

Si c’est une mode, elle est assez résistante à travers les âges ! Mais là n’est pas la question car aujourd’hui, de nombreuses études confirment qu’un frein buccal peut être restrictif et qu’une frénectomie peut aider les patients lorsqu’un suivi manuel et rééducatif est mis en place avant et après l’intervention. Je vais vous expliquer de quoi il s’agit et quels symptômes peuvent nous les faire évoquer. Dans un autre article, je vous témoignerai mes histoires personnelle et professionnelle pour vous expliquer comment je suis tombée dans la recherche d’informations à ce sujet et pourquoi je le trouve tellement important.

Un frein restrictif, qu'est-ce que c'est ?

C’est un résidu embryonnaire qui aurait dû disparaître (au moins partiellement) à la fin du premier trimestre de gestation. On parle souvent de frein de langue car ce sont les plus courant et les plus visibles mais il existe aussi des freins de lèvres et des freins de joues.

Ce tissu est fait de « fascia », c’est une membrane blanche qui ne s’étire pas, ne se contracte pas et n’a pas de terminaison nerveuse, visuellement on dirait une corde qui relit la langue au plancher de la bouche. Pour en savoir plus sur les fascias, je vous invite à regarder ce documentaire génial d’ARTE : ICI

Dans certains cas, cette « corde » gêne les mouvements de la langue, c’est ce qu’on appelle une restriction. Cette restriction est surtout visible lorsque le frein est court épais ou que les fibres qui le constituent n’ont aucune souplesse. En cas de restriction, des symptômes peuvent apparaître. Sur la photo d’illustration (issue de LLL), on voit par exemple que le bébé ne peut presque pas monter sa langue. Parfois ce frein est très visible, dans d’autres cas il faut le chercher pour réussir à l’apercevoir.

Tout le monde a un frein de langue mais tout ne monde n’a pas de restriction associée.

En quoi cela peut être gênant ?

En tellement de choses…

La langue est constituée d’un ensemble de muscles dont certains vont jusque dans le cou. S’il y a un mauvais fonctionnement de la langue (ou que pour bien fonctionner, il faut forcer) et des tensions musculaires qui en résultent, il peut donc y avoir des répercussions au niveau du cou.

Le cou fait partie de la colonne vertébrale, il nous permet de garder la tête droite (ou d’apprendre à la mettre droite dans le cas des bébés), des tensions sur cette zone peuvent donc provoquer des douleurs sur toute la colonne et les épaules par exemple.

Dans le cou (qui relie la tête au reste du corps) passent de nombreux nerfs et organes dont certains ont un rôle dans la digestion. Des tensions dans le cou peuvent donc contraindre ces éléments et provoquer des symptômes digestifs en autre exemple.

Mais encore

La langue a un rôle primordial dans la parole et la mastication.

Si elle ne fonctionne pas bien, les lèvres, dents et articulations de la mâchoire vont de « sur-fonctionner ».

Cela peut donc créer des symptômes au niveau des lèvres, dents et articulations de la mâchoire !

Si vous arrivez à parler et manger correctement, tout sur-fonctionne, vous êtes peut-être plus fatigable, vous avez peut-être du mal à parler vite ou à bien articuler, à manger certains aliments…

Dans certains cas, l’alimentation ou la parole ne sont juste PAS POSSIBLES à cause du frein de langue. Essayez donc de parler ou de manger en gardant la langue collée « en bas » sur votre plancher buccal. La langue vous permet d’articuler mais aussi de déplacer la nourriture dans la bouche et de déglutir correctement.

Plus important encore :

La place de la langue est au palais !

Avoir la langue en bas, c’est risquer de respirer par la bouche. La bouche n’est pas faite pour respirer mais bien pour parler et manger. La respiration par la bouche (buccale) est donc beaucoup moins efficace que la respiration par le nez (nasale).

Si vous respirez par la bouche, vous serez donc plus fatigué et vous récupérerez moins pendant votre sommeil car le simple fait de respirer vous demande déjà un certain effort… En plus de cela, vous ne bénéficiez pas des pouvoirs filtrants du nez, vous tombez donc plus facilement malade.

En gardant la langue en bas, elle devient « molle ». Respirer par la bouche avec une langue « molle » peut provoquer des ronflements nocturnes et des apnées du sommeil.

Chez les enfants, lorsque la langue est au palais, elle permet sa bonne croissance.

Si votre enfant a un tout petit palais, très creux, sa langue n’y est certainement pas positionnée en permanence. La langue prend de la place et c’est cette place qui va faire suffisamment grandir la mâchoire supérieure pour qu’il y ait la place pour toutes les dents définitives. Sachez que le palais est le plancher du nez donc en favorisant une bonne croissance du palais, vous favorisez une bonne croissance des voies aériennes et vous facilitez la respiration nasale.

Avoir sa langue au palais dès le plus jeune âge c’est donc favoriser une croissance harmonieuse du visage.

Enfin :

Lorsque la langue a peu de mobilité, elle reste en place et le reste de la bouche n’est jamais touché. Il peut donc être hypersensible et des troubles de l’oralité peuvent apparaître avec des difficultés alimentaires (ne pas supporter certaines textures par exemples) plus ou moins importantes.

La mobilité de la langue permet aussi un bon nettoyage de celle-ci après manger (qui ne remplace pas le brossage des dents !). Une personne avec des caries peut aussi être victime de son frein de langue malgré une bonne hygiène bucco-dentaire.

Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à m’en parler, j’ai des tas de sites internet, lectures et visionnages à vous conseiller dont cet épisode de TedX : ICI

Exemples de symptômes évocateurs

Chez le bébé

idouleurs à l’allaitement

imontée de lait tardive ou production insuffisante

ibébé qui s’étouffe en buvant/réflexe d’éjection fort

imauvaise ventouse au sein/perte de lait sur les côtés pendant la succion

imuguet/mycoses à répétition

iinconfort, agitation

ibouche ouverte

ilangue en coeur si elle est tirée

isommeil agité/léger

ibébé fatigué et/ou qui s’endort vite au sein

iretard de développement psychomoteur

ibébé qui n’accepte qu’un type de tétine

ibébé qui ne met pas les objets dans sa bouche

ibébé qui ne supporte pas certaines positions, qui dort en virgule ou se met en arrière

itroubles digestifs comme des reflux ou des coliques

ihoquet à répétition

i

Chez l'enfant ou l'adulte

iinfections ORL à répétition : otites, angines, sinusites, rhino-pharyngites…

ibouche ouverte

idifficultés de prononciation

ironflements/bave sur l’oreiller

ifatigue au réveil

idouleurs récidivantes de dos, de cou, d’épaules

imaux de têtes, migraines

iallergies

itroubles d’attention

idouleur ou craquement des mâchoires

icertaines textures d’aliments non supportées

ilangue en coeur si elle est tirée

imalpositions dentaires

ipetite mâchoire/grosse langue

ivertiges, acouphènes, mal des transports ?

i